Francophonie économique et droit

Xavier Michel a été ambassadeur de l’OIF auprès des Nations unies puis de l’Union européenne. Il a également occupé les fonctions de représentant régional de l’OIF pour l’Afrique centrale et l’Océan indien. Il présente ici sa vision du droit au service de la francophonie économique. 

Tous les chemins de la francophonie mènent au droit. Ce lien consubstantiel entre la langue, la culture et le droit prend une signification supplémentaire au moment où nos chefs d’État et de gouvernement viennent d’adopter à Dakar une stratégie économique de la francophonie.

Notariat francophone
La vitalité du notariat francophone illustre bien la capacité de la francophonie à participer activement et solidairement au développement économique de ses pays membres. L’exploitation du potentiel économique de la francophonie passe avant tout par la valorisation de son capital juridique. L’environnement juridique est déterminant, que ce soit en termes d’échanges commerciaux, d’investissements ou de développement industriel ou agricole. Nous nous félicitons des multiples initiatives que le notariat francophone a prises en faveur de l’approfondissement de l’Ohada (Organisation pour l’harmonisation en Afrique du droit des affaires), de la sécurisation foncière ou encore de l’état civil. J’ai pu apprécier, depuis une dizaine d’années, le travail et le dynamisme remarquables de l’Association du notariat francophone (ANF), indéniablement l’un des réseaux institutionnels et non gouvernementaux qui fait le plus preuve à la fois de capacité d’initiative, d’autonomie, y compris financière, d’ancrage dans les réalités socioéconomiques et de sens du partage.

L’interpellation d’Abdoulaye Harissou
La francophonie économique peut au jourd’hui, à l’instar de la francophonie politique, miser sur une alliance juridique qui conjugue les principes de solidarité et de diversité, l’impératif des valeurs à celui des intérêts. Il faut cependant avoir conscience que c’est aussi une voie très exposée si l’on considère l’intimité des liens qui existent entre les enjeux juridiques du développement et ceux de la gouvernance et de la démocratie. L’ANF en a encore fait tout récemment la douloureuse expérience avec l’épreuve judiciaire qu’affronte actuellement son secrétaire général, Abdoulaye Harissou. C’est dire que la francophonie économique peut être une grande et belle ambition… à condition qu’elle serve la francophonie !