Le défi de l’état civil africain

Une révolution à mener. En Afrique, 95 millions d’enfants ne seraient pas enregistrés à l’état-civil, tous pays confondus. « C’est un problème majeur, qui complexifie par exemple les politiques publiques en matière d’éducation. Sans données fiables, impossible de bien prévoir les infrastructures scolaires. Faute d’accueil disponible et d’égalité de chances avec les autres, le risque est de voir ces enfants, exposés à tous les dangers notamment le mariage précoce, l’esclavage sexuel, la récupération par les terroristes aux idées extrémistes, etc… », souligne Me. Abdoulaye Harissou, Secrétaire général honoraire à l’ANF. Depuis plusieurs années, l’ANF mène des opérations de régularisation en collaboration avec l’OIF et des associations locales, pour aller dans les villages à la rencontre des familles afin de recenser les enfants sans identité et d’organiser des audiences foraines pour la délivrance à grande échelle des actes de naissances. Des millions d’enfants auraient ainsi été enregistrées. « Mais le problème doit se régler à la racine, avec l’inscription dès la naissance. Nous plaidons pour des actions auprès des chefs de familles, des villages, des accoucheuses traditionnelles, les leaders religieux notamment des imams par exemple, qui informeraient de chaque naissance en appelant un numéro vert. Très simple grâce au réseau mobile solide dont dispose l’Afrique ! » L’autre challenge concerne la conservation des données. Quelques dizaines de milliers d’euros suffisent pour équiper une mairie d’un ordinateur et d’un système d’énergie solaire pour l’alimenter, et ainsi assurer la fiabilité des données. « Les solutions techniques existent, il suffit d’une volonté politique forte. »